Residência de estudantes no Ourcq-Jaurès

Cidade
Paris - França
Projeto
2015
Obra
-
Arquitetura
SPBR Arquitetos

Angelo Bucci
Tatiana Ozzetti
Victor Próspero
Nilton Suenaga
Beatriz Marques

Raquel Leite
Felipe Barradas
Lucas Roca
Larissa Oliveira

BARCLAY & CROUSSE - ATELIER NORD SUD

Jean Pierre Crousse
Sandra Barclay

Guilhem Roustan
Jean Marc Viste





Equipe
PEDRAZZINI GUIDOTTI
BET Structure

CAP INGELEC
BET Fluides

TRIBU
Développement Durable

MDETC
Économie de la Construction

CATHERINE MOSBACH
Paysagiste

RICARDO CANTON
Modelo 3D
Arquivos

UN SITE STRATÉGIQUE
A l’écart de la rue de l’Ourcq, se cache une petite réserve de biodiversité en plein Paris. Il faut traverser l’une des voutes qui soutiennent la voie ferrée de la Petite Ceinture pour pouvoir la découvrir. On dévoile aussi une topographie faite de talus et pentes vertes qui nous mènent naturellement à un nouveau sol, un horizon surélevé depuis lequel on a une « vision autre » de Paris : le niveau de la Petite Ceinture.
Par son imbrication dans une infrastructure ferroviaire, ce petit terrain en friche a une vocation urbaine à l’échelle de Paris : il réunit naturellement le sol de la ville au sol artificiel de la Petite Ceinture. Il offre la possibilité de relier ce quartier à un axe qui, devenant public, peut relier les Parcs des Buttes-Chaumont et de La Villette. C’est un accès naturel depuis la rue de l’Ourcq, mais il peut être perçu aussi comme une halte, un ‘rendez-vous’ à mi-chemin entre les grands Parcs et les grands équipements du Nord-est parisien.
Ainsi, l’échelle de la métropole est présente sur cette petite parcelle aujourd’hui invisible. L’abondante végétation née de son abandon, devient maintenant un objet de désir : tant le terrain que la voie ferrée sont des lieux vides de toute occupation, perméables, couverts d’une végétation spontanée et locale, mais ouverts aux nouveaux programmes proposés par la ville. Il est temps de profiter de cette opportunité, et transformer ce terrain en se préservant de ne pas dénaturer sa condition de « site à préserver », de havre de paix et de poumon vert pour le quartier.

UN PROJET AMPLIFIÉ
Notre proposition tient compte des deux atouts qui font d’un petit terrain en friche, à l’écart de la rue de l’Ourcq, une opportunité métropolitaine pour l’innovation :
Le premier atout est la récente reconduction de l’accord de la Mairie de Paris avec la SNCF Réseau pour transformer la Petite Ceinture en promenade publique agrémentée d’activités urbaines pour « offrir aux Parisiens de nouveaux lieux de respiration » (Le Figaro.fr, 7 avril 2015) ;
Le deuxième atout est la présence active des associations de quartier du 19ème arrondissement, favorables au développement des lieux de convivialité et des activités associatives autour de la petite ceinture. (Concertation sur le devenir de la Petite Ceinture-19e Arrondissement / ResPublica)
Le projet se propose d’articuler plusieurs échelles et temporalités : à minima, celle du quartier (présence de voisins actifs et eco responsables) et, avec la possibilité de création d’une promenade urbaine le long de la Petite Ceinture, celle de la ville. Ces deux échelles nécessitent d’être conciliées par un « programme charnière » qui assure la pérennité d’un aménagement inédit du site. Le programme proposé est calibré pour garder l’équilibre entre un site à vocation locale et une potentialité à vocation urbaine.

INNOVATION À TROIS ÉCHELLES
Le projet part d’une innovation sociale : il tient compte de la capacité associative des riverains comme un tremplin pour l’innovation programmatique. L’initiative des habitants de quartier détermine l’usage et la configuration des espaces sur les deux premiers niveaux, et le projet assure la possibilité d’accueil de multiples activités associatives, pédagogiques et ludiques dont les riverains ont besoin, dans une démarche réversible et dynamique.
Ses activités sont mises en relation avec les attentes de la Ville de Paris en matière de renforcement de la biodiversité et du tissu social. L’innovation technique, décrite plus bas, porte sur les économies d’énergie et la lutte contre la précarité énergétique, ne fait que suivre les innovations sociales et programmatique proposées.

LE SITE DONNE LES PISTES D’INNOVATION
Le réaménagement du site Ourcq-Jaurès s'inscrit dans un contexte environnemental et social spécifique. La parcelle est en effet le lieu de rencontre d'un espace en friche, particulièrement végétalisé (et destiné à l'être plus encore), d’une infrastructure d’échelle métropolitaine en mutation, formée par la Petite Ceinture, d'espaces privatifs d'habitation et d'espaces publics urbanisés.
Les associations de quartier sont très actives, et les attentes sur l’aménagement de ce site, très hautes.

Tous ces espaces cohabitent dans une stratification topographique particulière à deux niveaux : celui de la rue, et celui de la voie ferré, quatre mètres au dessus.

HYBRIDATION ET STRATIFICATION
A cette imbrication et superposition d’espaces à vocation et échelles apparemment disparates, nous répondons avec un jeu de stratification et d’hybridation programmatique qui permet de fédérer les différentes échelles, d’accueillir les attentes des riverains et de sauvegarder le caractère paysager du site.

L’intervention sur le site se développe à la verticale : une superposition de programmes en trois strates qui répondent aux différentes échelles présentes sur place : un programme à l’échelle du quartier, un programme à l’échelle de la ville, et un programme charnière, qui donne vie au site et assure la durabilité de l’innovation programmatique proposée.

ECHELLES ET TEMPORALITÉS
La stratification n’est pas seulement physique, mais aussi liée au temps : les programmes ne sont pas figés, ils évoluent dans le temps. Les espaces proposés son génériques, ils permettent d’articuler des activités diverses liées tant à l’horizon programmatique de la ville (Petite Ceinture) qu’aux activités du quartier, qui vont évoluer au gré du pouvoir associatif des riverains que le projet même veut stimuler et favoriser.

Un jardin à l’échelle du Quartier
Le rez-de-chaussée, accessible depuis la rue par une voute de la voie ferrée, respecte le caractère de "poumon vert" du site en recréant un « niveau quartier », avec un jardin accessible à tous et en liaison avec la petite ceinture.

Ce niveau est conçu comme un vrai espace de vie du quartier, et non seulement comme un espace d’agrément ou comme une micro-réserve écologique. Il s’ouvre sur la rue et sur les cours voisines, qui pourront s’intégrer dans un réseau vert partagé.

Le jardin proposé est dédié à la biodiversité et à la rencontre des riverains, dont sa gestion peut être confiée aux associations qui siègeront dans le site même, en coordination avec la Ville de Paris. Cette présence favorise l’organisation d’ateliers thématiques de formation ouverts aux habitants : jardiner écologique sur son balcon ou dans son jardin, faire du compostage chez soi, fabriquer des nichoirs à insectes, aider au développement des jardins partagés et d’autres actions participatives et innovantes.

Un équipement associatif
La création d’un local pour les associations de quartier permet de gérer les activités du quartier, avoir un lien de proximité avec les riverains et d’assurer durablement l’organisation des activités conviviales et pédagogiques.

Un équipement ouvert à la ville
La création d’un local à usage libre permet de faire le lien avec le présent et le futur de la Petite Ceinture.
Les choix sont multiples, depuis un lieu dédié au co-working, accessible depuis la rue mais aussi depuis la future promenade de la Petite Ceinture, à celui d’une antenne de l’Observatoire de la Biodiversité Parisienne qui étudiera la biodiversité existante dans le couloir de la Petite Ceinture, afin d’établir dans un premier temps les conditions d’innovation programmatique pour le futur aménagement de la voie ferrée.
Dans le premier cas, la gestion peut être assuré par l’association qui siège dans le site, et constitue un apport financier à son fonctionnement. Dans la deuxième possibilité, ce local peut avoir un caractère associatif, collectant et centralisant des données sur le thème de la biodiversité. Les activités de cette antenne seraient la cartographie, la surveillance, la gestion et/ou l’élaboration et l’évaluation des politiques de gestion, restauration ou protection de la biodiversité au niveau local, liés à la Petite Ceinture.
Une terrasse abritée pour des activités temporaires multiples
Au niveau de la voie ferrée, nous installons un plan libre, une terrasse abritée qui accueillera des activités temporaires liées à la Petite Ceinture, avec des occupations réversibles et temporaires selon un panel rythmé en deux temps :

Avant l’aménagement de la voie ferré en espace public, la «terrasse Petite Ceinture » est l’espace privilégié pour les activités associatives, telles des espaces évènementielles artistiques, anthropologiques ou historiques sur la Petite Ceinture, expo-vente, réunions de quartier ; aménagement de jeux de table telles que échecs, tennis de table ; activités pour les riverains telles qu’ateliers artistiques, pique-niques de convivialité (soirée blanche?), etc. Nous proposons aussi que durant le temps de conversion de la Petite Ceinture en promenade publique, l’esplanade existante aux abords immédiats du terrain soit dédiée à une production de jeunes plants mobilisables ensuite dans les différents sites et jardins d’application afin de renforcer la ressource d’un réseau social d’échange spécifique à la Petite Ceinture. Cette première ébauche peut être utilement relayée dans le temps de l’aménagement par un ‘comptoir’ de graines et plantes utiles ré affectables sur site et dans les jardins voisins tout en servant de support pédagogique de classes vertes et d’observatoires-conservatoires de plantes.
Ses activités sont animées par les associations de quartier également responsables du «niveau quartier», au rez-de-jardin.
Après l’aménagement «la Petite Ceinture » la terrasse haute se coordonne aux activités liées à la promenade. Elle constitue en premier lieu un accès depuis la rue de l’Ourcq. Elle marque une halte, un ‘rendez-vous’ à mi-chemin entre le Parc des Buttes-Chaumont et La Villette, la Cité de la Musique et des Sciences, et peut mettre à dispositions des services pérennes comme guinguette et des activités saisonnières sur l’emprise créée : on imagine une plateforme capable de kiosques temporaires, d’évènementiel (vide-grenier, marché de Noël, échange de produits de jardins partagés…). Ses activités se conjuguent aux activités de quartier consolidées avec le temps, avant la conversion de la Petite Ceinture.

Des logements pour étudiants
Dans ce "poumon vert" vient s’intégrer le programme charnière : un petit bâtiment en bois, calé dans la clairière existante dans la masse végétale qui assure que le site soit en permanence « habité ». Il abrite 30 logements étudiants que nous avons voulu ouverts sur eux-mêmes et sur leur environnement. Ce bâtiment est majoritairement composé d'espaces collectifs, de convivialité; on peut parler à une échelle d'usage "d'habitat étudiant participatif".

Un toiture végétalisé
En toiture, une végétalisation intensive sert de cadre pour un jardin partagé à usage des étudiants, et redonne au site l’exacte quantité de surface verte que son emprise a emprunté au site.

PROGRAMME ET PROJET
La complexité programmatique et d’usage, ainsi que les enjeux du développement durable, ont guidé les choix de conception et ce à toutes les échelles du projet. Les programmes s’installent sur cette topographie particulière pour mieux répondre à la vocation du site d’avoir diverses échelles urbaines. C’est ainsi que le projet répond de manière très directe aux caractéristiques des programmes proposés avec des espaces qui permettent leur évolution dans le temps.

INNOVATION SOCIALE
L’innovation sociale est à la base de notre proposition. Le projet tient compte de la capacité associative des riverains comme un tremplin pour l’innovation programmatique. Il offre en cogestion un niveau entier pour les activités associatives, pédagogiques et ludiques dont les riverains ont besoin, et les met en relation avec les attentes de la Ville de Paris en matière de renforcement de la biodiversité et du tissu social. Les programmes développés par les habitants du quartier pourront d’abord se consolider à l’échelle du quartier pour en suite s’épanouir avec l’ouverture de la voie ferrée en espace public.

INNOVATION PROGRAMMATIQUE
Le fait de stratifier et de mélanger les programmes proposés sur un même site, et de les mettre en rapport avec la vocation issue du contexte et de sa temporalité permet d’innover dans le programme. Plutôt que des programmes figés et fixés, nous donnons les conditions pour que ces programmes puissent s’épanouir dans le temps, dans une démarche réversible et dynamique, incité par l’associativité des habitants du quartier. Pour cela, il est prévu d’inclure un local associatif pour le quartier, et un programme lié à la biodiversité. L’interaction entre eux va produire des activités évènementielles et temporaires.
Dans le programme d’habitation, nous proposons des logements étudiants avec des pièces de vie mutualisés permettant les échanges et rencontres entre étudiants.

INNOVATION TECHNIQUE
Nous proposons des solutions techniques simples et durables, portés sur les économies d'énergie. Aujourd’hui, ces économies jouent un rôle primordial dans une démarche de conception durable, non seulement afin d'agir sur le dérèglement climatique en réduisant les gaz a effet de serre mais aussi pour lutter contre la précarité énergétique.

La stratégie de maîtrise de l’énergie au travers d’une démarche de développement durable se décline en deux préoccupations :
1. une approche bioclimatique visant à réaliser prioritairement de façon naturelle la plus grande part possible des fonctions du bâtiment.
2. une conception des systèmes énergétiques comme appoint, privilégiant le recours aux installations les plus performantes et aux énergies renouvelables.

L'énergie n’est pas la seule préoccupation de notre démarche. Les questions relatives à l'économie des ressources épuisables de la planète (matériaux, eau, déchets...), à la santé publique, au confort thermique sont également des éléments auxquelles nous voulons apporter des réponses innovantes et durables.

Ainsi nos choix constructifs s'orientent majoritairement vers des matériaux biosourcés. Ainsi, sur le socle béton du bâtiment, les 3 niveaux de logements sont conçus en structure entièrement bois. L'isolant privilégié est la fibre de bois non seulement pour son caractère biosourcé mais aussi pour ses caractéristiques d'hygrorégulation naturelle assurant la pérennité de l'ouvrage.
Le choix d'une structure bois permet de limiter les nuisances de chantier et participe donc aux respect des riverains.

Le critère de santé des usagers est également un paramètre primordial dans nos choix de conception, de matériaux. Ainsi on utilisera des matériaux à faibles émissions de COV, peintures avec Ecolabel Européen.

UN PROJET À TROIS NIVEAUX
Le projet est calibré pour garder l’équilibre entre un site à vocation locale et une potentialité à vocation urbaine. Les trois échelles que le site dévoile se transforment en autant de strates ou niveaux du projet :
Niveau Quartier : Le rez-de-chaussée de la rue de l’Ourcq, qui est celui des immeubles voisins, constitue un niveau privilégié pour favoriser la vie de quartier.
Niveau Petite Ceinture : La cote altimétrique de l’infrastructure d’échelle métropolitaine en mutation, conformée par la Petite Ceinture, donne lieu à la création d’un niveau à vocation urbaine et puis métropolitaine.
Niveau Logements : Le site même, pour qu’il soit vivant tant de jour que de nuit, nécessite d’un programme d'habitation qui ne rentre pas en conflit avec les deux autres niveaux.

ECHELLES & TEMPORALITES LOCALES : LE NIVEAU QUARTIER
La vie du quartier se développe aux niveaux de la rue et des nombreuses cours d’immeubles satellites du site. Le projet investit ce « Niveau Quartier » plateforme d’échange pour y désenclaver l’îlot, et offrir la possibilité d’ouvrir les cours voisines sur une nouvelle « cour commune » équipée d’activités à l’échelle du quartier : à titre d’exemple une plateforme pour les associations de quartier, une plateforme pour la biodiversité et un jardin accessible depuis la rue de l’Ourcq (au travers de la voûte) et à la Petite Ceinture.
Une couverture en béton abrite les locaux-plateforme associatifs, marque un deuxième seuil entre la rue et le jardin du quartier, et donne accès aux logements étudiants par un hall accessible aux personnes à mobilité réduite.
Le jardin est fédérateur : il offre une opportunité de mutualiser les cours des immeubles voisins par des passages qui pourraient se fermer le soir.
Cela nécessite de creuser partiellement le terrain pour le ramener au niveau de la rue et des cours voisines, action coordonnée à la nécessité de dépollution préalable du terrain selon des modalités techniques à vérifier.
Les arbres existants sont valorisés par des micro-reliefs refuges des séries végétales spécifiques à chaque espèce et témoin dans le dispositif jardin du continuum paysager de la Petite Ceinture. Ils égrènent autant de pochoirs en creux, réserve des eaux de pluie maintenu sur site pour l’arrosage des parties communes.
La continuité écologique de ce jardin est assurée non seulement par son rapport avec la Petite Ceinture, mais aussi par la communication proposée avec les cours d’immeubles voisins donnant sur l’Avenue Jean Jaurès, déclaré couloir de continuité écologique par la Ville de Paris.

ECHELLES & TEMPORALITES DE LA VILLE : LE NIVEAU PETITE CEINTURE
La liaison du « niveau quartier » avec la Petite Ceinture est assurée par un traitement de rampes et talus verts qui mènent naturellement vers le niveau Petite Ceinture, un plan ouvert et perméable qui permet l’aménagement des activités à l’air libre pouvant se relier tant aux besoins du quartier qu’au futur aménagement public et urbain de la Petite Ceinture.

La vocation urbaine du site est influée par l’horizon programmatique de la Petite Ceinture. Au niveau de la voie ferrée, l’esplanade existante aux abords de l’emprise est prolongée par le projet au moyen d’une plateforme publique, en terrasse sur les activités du niveau quartier.
Cette plateforme accueille des activités liées aux deux temps de l’infrastructure ferroviaire : avant et après sa conversion en espace accessible au public. Les activités et occupations sont réversibles et temporaires selon un panel rythmé en ceux deux temps.
Cette plateforme sera équipée de connections électriques, d’eau et d’assainissement qui permettront d’accueillir un nombre varié d’activités. Une partie de la plateforme sera couverte et à l’abri de la pluie, l’autre sera à ciel ouvert et permettra l’aménagement des lieux de repos et contemplation, marquant un temps d’arrêt dans la promenade urbaine.

L’ECHELLE DU SITE : LE NIVEAU LOGEMENTS
Au-dessus du Niveau Petite Ceinture un programme charnière assure la pérennité des activités proposées: il rend le site vivant, et permet d’exercer un « contrôle social » sur les espaces publics et semi-publics offerts. Les logements renforcent la présence et la convivialité dans les différents niveaux. Habiter le site est indispensable à la réussite de la cohabitation entre les différentes échelles et temporalités : la dimension domestique de l’habitation assure sa protection.
Le niveau logements et conçu comme un petit immeuble en bois, posé sur la couverture de la plateforme du niveau Petite Ceinture. Il s’installe sur la clairière existante adossée aux arbres présents et, avec ses trois niveaux, il ne dépasse pas la hauteur des arbres existants. Il occupe seulement XX% de la surface constructible prévue dans le PLU, en se gardant de maintenir l’équilibre entre espace vert et espace de vie.
L’immeuble introduit un programme de 30 logements étudiants, conçus avec une typologie innovante et cohérente avec les innovations proposées pour les niveaux du quartier et de la Petite Ceinture. Les salons et cuisine sont en effet mutualisés permettant ainsi les échanges et rencontres entre étudiants. Ces espaces sont orientés à l'ouest et ont donc des vues et ouvertures sur la petite ceinture, tandis que les chambres à coucher sont orientées à l’Est et donnent sur le jardin, au calme.
L’accès à l’immeuble se réalise à travers la voûte depuis la rue de l’Ourcq au « Niveau Quartier ». Il est desservi par un ascenseur et un escalier qui relie les différents niveaux entre eux.

UN PROJET SENSIBLE À L’ENVIRONNEMENT
En cohérence avec son site et aux activités proposées, nous envisageons un projet à faibles besoins énergétiques grâce à plusieurs stratégies simples, avec une approche low-tech:

• la solarisation optimale des logements par une orientation Est/Ouest qui permet la récupération des apports solaires du matin et du soir en hiver,
• une épaisseur du bâtiment réduite pour amener un maximum de lumière naturelle dans les locaux, et faire en sorte que les locaux soient tous traversants permettant d'assurer une ventilation naturelle traversante efficace assurant les débits hygiéniques et le confort thermique d'été; l'augmentation de la vitesse de l'air, par l'effet "courant d'air", participe fortement de la sensation de confort thermique.
• une optimisation des surfaces vitrées par espace pour allier faibles déperditions thermiques, confort visuel et confort thermique d'été.
• une isolation thermique performante des parois.
• des protections solaires extérieures mobiles laissant passer l'air (type stores à lames relevables ou volets persiennés) pour concilier protection solaire efficace, ventilation naturelle traversante (diurne et nocturne) et apport de lumière naturelle modulable, assurant ainsi le confort thermique et confort visuel des usagers des locaux.
• un rafraichissement passif des locaux: la ventilation traversante naturelle nocturne permet de stocker l’air frais nocturne dans la masse inerte du local (chape béton ou cloisons en matériaux type terre crue ou béton de chanvre), et cette fraicheur est réémise en journée, assurant ainsi le confort thermique. Dans les espaces collectifs, des brasseurs d'air pourront être mis en place pour assurer le confort thermique en cas de fortes chaleurs y compris nocturnes.

Tous ces choix de conception permettent de réduire les besoins de chauffage et les besoins en électricité (éclairage artificiel, ventilation) tout en assurant des espaces de vie confortables en toute saison. Nous nous engageons à atteindre bien entendu les exigences énergétiques du Plan Climat Paris.

Quant aux systèmes énergétiques, nous proposons de mettre en place un système de VNAC (Ventilation Naturelle et Assistée par le vent) qui permet de se passer de tout système lourd de ventilation mécanique, de moteurs, et donc de limiter la maintenance. Des entrées d'air spécifiques pour la ventilation naturelle sont mise en place au niveau des baies et des tourelles à vent assurent l'extraction des débits hygiéniques mais aussi participent du confort thermique d'été. Afin de limiter les débits en hiver, une régulation par registre se fait au niveau des tourelles.

Toujours dans l'optique de minimiser le recours aux énergies, et en particulier aux énergies fossiles, nous proposons de récupérer la chaleur sur les eaux grises des logements étudiants (lavabos, douches, cuisines) par l'intermédiaire d'une pompe à chaleur sur eaux grises (systèmes ERS de chez BIOFLUIDES). Afin de compléter la production de chaleur, nous envisageons de mettre en place une cogénération à HVP (Huile Végétale Pure, énergie renouvelable) qui permet également de produire de l'électricité pour alimenter les ballons de stockage d'ECS la nuit, par exemple.

Les choix constructifs s'orientent majoritairement vers des matériaux biosourcés. Ainsi, sur le socle béton du bâtiment, les 3 niveaux de logements sont conçus en structure entièrement bois. L'isolant privilégié est la fibre de bois non seulement pour son caractère biosourcé mais aussi pour ses caractéristiques d'hygrorégulation naturelle assurant la pérennité de l'ouvrage.

Le choix d'une structure bois permet de limiter les nuisances de chantier et participe donc aux respect des riverains.

UN PAYSAGE ASSOCIÉ
Pour l’implantation du bâtiment dans le terrain, nous avons tenu compte du gabarit-enveloppe en limite séparative par rapport aux terrains mitoyens, en étant nettement en dessous du volume constructible. Un recul de 2m est observé en limite Ouest sur le terrain de la Petite Ceinture, assurant la réversibilité requise par rapport à la voie ferrée suivant l’accord entre la Ville de Paris et la SNCF Réseau. Ce recul est proposé d’être mis au profit d’une rampe douce pour une continuité de flux accessible à tous avec un statut de réservoir de graines.
La surface libre de toute construction est nettement supérieure à celle imposé par le PLU : XX m2 au lieu des 693,5 m2 minimum. Nous proposons également XX m2 de surfaces en pleine terre, XX% en plus par rapport aux 138,7 m2 prévus au PLU pour ce terrain, renforçant ainsi la perméabilité du terrain et favorisant la conservation et le développement des surfaces arborés existantes.
La continuité des sols cours-jardins-Petite Ceinture relaye la ressource paysage tout au long du processus de projet en mobilisant la dynamique végétale aux différents stades de transformation au profit de la restauration d’un confort urbain. Au sol substrat-hôte est associé les performances du sol machine qui capture les flux à la source pour les restituer sur place ou les redistribuer vers des emplacements dédiés (pochoir d’eaux, atelier d’orties, passoire de graines..). Les jardins relayent les actifs de régulation des fluides de l’immeuble en pondérant chaleur et pollution, en réintroduisant l’organique au substrat inerte et pollué, en témoignant de paysages d’ici et d’ailleurs avec l’essaimage de semences nomades de la petite ceinture au gré des mobilités des voyageurs d’antan.
Trois rythmes végétatifs orchestrent l’emprise :
• les filtres en cinquième façade sur les longueurs de l’immeuble.
• Membrane privilégiée d’algues et de mousses qui ont la faculté de capter et de fixer les métaux lourds aux sols et de réduire la poussière ambiante.
• des jardins micro topographiques autour des arbres existants et des pochoirs d’eau.
• Artefacts dans l’horizontalité, ces bombements, creusements fonctionnent comme autant d’abris, refuges, capteurs de végétation. Leurs surfaces mouvementées, plissées, parfois trouées, sont autant d’opportunités d’hybridations.
• le linéaire refuge le long de la rive ouest au contact de la petite ceinture

Au bord de la petite ceinture, à travers les feutres de retenu des terres, ménagés entre les rampes se développe une strate discontinue de flores spontanées émergeantes par touffes.

Le végétal est vivant et fluctuant par nature. Dans un tel contexte urbain, la plante est exposée aux interactions et influences humaines particulièrement puissantes.

Les Jardins explorent deux principes :
- L’utilisation des interactions possibles entre mobilité humaine et dissémination végétale.
- La connaissance, l’orchestration et la mise en scène des cycles végétaux se traduisant par une présence arborée répartie sur toute l’emprise -rampes comprises- et relation aux arbres existantes avec dispersion, regroupements et bouquets.

Au niveau herbacé des rythmes irréguliers, des disséminations et installations fortuites des fauchages manuels et des régulations des passages.

La dimension d’utilité publique des jardins se joue à l’échelle individuelle du bien être de l’unité habité, à l’échelle communautaire aux seuils des plateformes d’échanges et à l’échelle publique de la valeur ajoutée de ces paysages refuges et relai (faune, flore, habitants) le long du programme public de la petite ceinture.

UNE STRUCTURE À TROIS ÉCHELLES
La structure du bâtiment respecte les trois échelles du projet : échelle du quartier, échelle de la ville et le programme charnière. Cette distinction se remarque au niveau des interactions entre les différents systèmes porteurs ainsi que dans le choix des matériaux employés : du béton armé coulé sur place pour les deux échelles plus grandes et une construction avec panneaux préfabriqués en bois pour le programme charnière. Le corps des circulations verticales qui relient les différents niveaux, juxtaposé au corps principal du bâtiment, est constitué par des voiles dans lesquelles les escaliers et les paliers s’encastrent et il est complètement construit en béton armé coulé sur place.
Trois lames de fort épaisseur (50 x 330 cm), disposées transversalement à l’axe du bâtiment avec un entraxe de 12.40 m, s’étendent sur les deux niveaux publics du projet depuis les fondations superficielles et soutiennent deux dalles. La dalle inférieure, couverture des espaces de l’échelle du quartier, présente un intrados plat et un épaisseur majoré (50 cm sur la bande centrale et 25 cm sur les porte-à-faux) sur la bande centrale, correspondante à la largeur des lames, où les efforts sont plus importants. Ce plancher présente une extension vers le sud, au-delà de l’emprise de la partie des logements, soutenue par trois colonnes et structuralement presque indépendante. La colonne qui se trouve sur l’axe longitudinal du bâtiment (D = 60 cm) est moins élancée des autres deux (D = 30 cm) en raison de la plus forte charge qui la sollicite et afin d’optimiser la résistance vis-à-vis des actions horizontales (séisme). Comme pour la partie principale de la dalle, des surépaisseurs (jusqu’à 60 cm d’épaisseur total) permettent de réaliser les portées et le porte-à-faux tout en optimisant l’emploi de la matière. La deuxième dalle soutenue par les trois lames couvre, dans l’emprise des logements, les espaces à l’échelle de la ville. Elle se distingue par sa hauteur variable avec épaisseur maximal de 55 cm le long de l’axe longitudinal et le minimal de 30 cm sur le pourtour. Les deux dalles se caractérisent par une rainure chacune qui les parcourt le long de l’axe longitudinal et qui loge les distributions des installations qui descendent ensuite dans des rainures similaires disposées de parte et d’autre des lames.
La structure verticale du volume des logements est composée par des parois à ossature bois préfabriquées et disposées sur les murs mitoyens, les pignons et le long de l’axe séparant les chambres du grand espace collectif. Le long de la façade des colonnes en bois sont disposées tous les 3.10 m afin de créer un appui supplémentaire à l’ossature des planchers qui ailleurs s’appuient sur les murs précédemment décrits. Compte tenu des dimensions d’une chambre, ces derniers éléments horizontaux sont préfabriqués en panneaux couvrant toute la profondeur du bâtiment et la largeur d’une chambre et incluent les porteurs permettant de libérer l’espace collectif. Tous ces choix structurales visent à la maximisation de la vitesse de construction et des possibilités de changement d’affectation des surfaces.
La stabilité aux actions horizontales de la partie du bâtiment en ossature de bois est garantie par la présence des parois disposées en deux directions et encastrées dans la dalle en béton armé la plus élevée. La solidarisation entre les différents panneaux du plancher est superflue du fait que chaque élément est bloqué singulièrement simplifiant ainsi ultérieurement la construction. La transmission des forces horizontales à travers les deux étages en béton armé est garantie, en sens transversal, par le fonctionnement en voile des lames et, en sens longitudinal, par l’interaction des lames et des dalles qui se comportent comme une série de cadres.

PUBLICAÇÕES

Periódicos

OURCQ JAURÈS, SPBR / REINVENTER PARIS
Monolito n.32 / São Paulo, 2016